Voici l’histoire de la parade des Nations- Histoire passant du vécu personnel d’une petite famille, des leçons acquises jusqu’ à la concrétisation d’un rêve qui continue….
Afin de connaître les raisons pour lesquelles la fondatrice -Marie Morrell - à créer l'organisation de la Parade des Nations, vous serez d’abord transporté un siècle en arrière, soit le 23 mai 1902, à Neguac, au Nouveau-Brunswick, le jour où Léandre Robichaud, le père de Marie est né. Son vécu illuminera quelques pièces de ce mystère car comme il le disait bien plus tard, « il y a toujours une raison pour tout, soyez patients et un jour vous aurez la réponse.»
La grand-mère de Léandre, s’appelait Aléandra; elle était une gitane de la Roumanie. Elle partageait la tâche de s'occuper de lui et de ses quatre frères et sœurs, et à son décès, Léandre était âgé de neuf ans. Il avait une profonde admiration et affection pour sa grand-mère, une sorte d'attachement spirituel inusité qu'elle lui réciproquait. Aléandra avait discerné qu’il avait un sixième sens relatif aux choses de la vie qui ne s’étaient pas encore matérialisées. Le Créateur avait légué à cet enfant qu'elle chérissait tendrement, une partie d'elle-même, une partie de son peuple nomade vivant une vie non conformiste et voyageant librement d'un endroit à un autre.
Un an après le décès d’Aléandra, la mère de Léandre, Marie, une native de la Première Nation Tobique, souffrit une dépression nerveuse et fut placée dans un asile, condamnée à y passer le reste de sa vie sans que ses enfants n’aient la moindre idée qu'elle était vivante. Lorsqu'ils se réveillèrent, leur père - un Acadien - les informa que leur mère était morte dans un accident de noyade alors qu'ils dormaient. Léandre était dévasté car sa mère était son idole. Depuis le départ de sa grand-mère, elle était devenue la seule personne le protégeant et lui enseignant les mystères de la Terre et de son Créateur.
Quelques jours plus tard, le père dit aux enfants qu'ils feraient tous un long voyage en boghei avec «Jal», leur cheval, (un nom gitan signifiant vagabond). Arrivé à leur destination à Halifax, le père dit aux enfants de descendre du boghei pendant qu'il chercherait un espace pour le garer. Son père n'est jamais revenu. Après quelques heures d'attente, les enfants frappèrent finalement à la porte d'un orphelinat à proximité de l'endroit où leur père les avait abandonné faisant maintenant face à la réalité de leurs destins.
Quelques jours plus tard, Léandre avait été donné à un agriculteur de la région, en taux d’échange pour de la nourriture. Il le battait s'il le trouvait prenant une pause. Léandre, meurtri par la douleur, et ne pouvant l’endurer plus longtemps, s'échappa. Il marcha pendant plusieurs heures, dans la nuit et pour une partie de la journée suivante, pour enfin aboutir et frapper à la porte de la prison d'Halifax. Désespéré, il supplia le joaillier de lui donner refuge et de la nourriture pour quelques heures, même si son instinct l’avertissait sur le champs de ne pas le faire.
Le gardien de la prison voyant une occasion de faire quelques pièces de monnaie vendit Léandre la même journée, à l'équipage du Morning Star de passage à Halifax pour quelques semaines. Venant de Liverpool en Angleterre, c'était un navire propulsé par le vent par de grands mâts, qui accostait au port d`Halifax à tous les 18 mois. L'équipage y livrait sa cargaison et y ramassait son nouveau cargo. Léandre, les mains liées, fut traîné de force vers le navire et fut marqué. En ces temps-là, lors de l’achat d’un esclave, les propriétaires de bateaux reproduisaient leur navire en le tatouant sur le bras gauche de leurs nouveaux esclaves, s’assurant ainsi qu'ils ne s'échapperaient pas.
Léandre, le coeur brisé, navigua au loin avec l'espoir de s'échapper de nouveau et que cette fois-là il réussirait pour de bon. Il apprit qu'il ne pouvait pas faire confiance à tout le monde et qu’il se fierait sur son instinct.
À bord du navire, lorsque certains membres de l'équipage réalisèrent que Léandre n'était pas intimidé par les hauteurs, une partie de son travail devient de grimper les grands mâts afin d'être à l'affût et faire quelques réparations mineures. Dix-huit longs mois s'écoulèrent et le navire revient enfin à Halifax.
Quelques jours plus tard, aux petites heures du matin, un bruit de roulement très faible et inhabituel, en provenance de la route face du quai, éveilla Léandre qui possédait un sommeil très léger comparable à un chien de garde continuellement en alerte. S'assurant de ne réveiller personne et ayant un pressentiment de liberté soudaine, il se leva silencieusement, il saisit un torchon et l'enroula autour de son bras. Dans la pénombre, il réussit à se rendre près de la rampe d'accès du navire et s'agrippa au cordage sans que personne ne le voie, se hissant prudemment jusqu'à la base du quai.
Quelques piétons s'étaient déjà rassemblés et marchaient dans les rues près des wagons d'un cirque arrivant en ville. En quelques minutes, une énorme agitation avait pris place et l'excitation, devenue sans borne, donna l'avantage à Léandre de se dissimuler ici et là parmi la foule jusqu'à ce qu'il repère le wagon de provisions, le suivant jusqu'à son arrêt. Il aborda le conducteur qui par chance était aussi le cuisinier. Après lui avoir raconté brièvement son histoire, Léandre le convainquit de le garder comme apprenti en échange de nourriture. Le cuisinier pouvait certainement utiliser cette aide gratuite et finalement accepta son offre. Une fois pour toute, Léandre était sur le chemin de la liberté.
Dans l’énervement et l'inattention causée par la curiosité de l'équipage ébloui par le défilé, d'autres esclaves tentèrent de s'échapper. Quelques uns succédèrent brièvement, mais furent malheureusement repérés à cause de leur tatouage. Heureusement pour Léandre, lorsque l'équipe de sécurité de l'équipage du navire arriva devant la porte du cirque, demandant la permission de jeter un coup d'oeil, le cuisinier commença à chanter, ce qui était le signal pour Léandre de se cacher dans un sac de pommes de terre parmi les sacs de légumes et casseroles du wagon alimentaire. Enfin, quelques jours plus tard, le cirque quittait la ville. Léandre ne savait ni lire ni écrire et n'avait aucune idée qu'il venait juste de joindre l'un des plus célèbres cirques au monde, « Le cirque Barnum et Bailey. »
Embauché par le cirque, Léandre devait travailler hardiment pour assurer sa subsistance. Fortunément pour lui, même à ce jeune âge, il était extrêmement talentueux; il pouvait faire de la sculpture sur bois et peindre comme un pro. Conséquemment, Léandre demanda aux gens du cirque, s’il pouvait aussi apporter son aide à peindre les enseignes de publicité; en quelques semaines il devint l'un de leurs artistes officiels.
Lors d'une matinée d'automne, l'un des artistes du cirque tout en jasant avec Léandre, découvre qu'il avait travaillé sur les mâts du Morning Star. Sur place, le chef de la troupe de trapézistes lui demande d'envisager de devenir membre de son groupe. Léandre pensait être mort et monté au ciel; il ne manquait jamais une opportunité d'apprendre quelque chose de nouveau. Il avait fait face à beaucoup plus de danger grimpant les mâts d'un grand voilier, et à la pensée de voir des foules en liesse lors de ses performances avec le cirque, comment pouvait-il résister à cette bonne nouvelle?
Léandre a passé plus de 25 ans avec le cirque en tant que trapéziste voltigeur, funambule, acrobate, jongleur et peintre d'enseignes publicitaires. Il aimait et appréciait sa vie, les défis, les gens du cirque, et voyager dans les endroits souvent décrits par sa grand-mère. On entendait plusieurs langues et dialectes de langues au cirque, et elles changeaient constamment à cause des gens qui arrivaient régulièrement de pays divers. La popularité de Léandre s'accrût rapidement en tant qu'interprète linguistique; il s'efforçait continuellement d'apprendre autant de langues que possible. Il adorait jaser avec les gens de sa nouvelle famille, écouter leurs histoires et tout ce qui s'y reliait.
Les membres du Cirque Barnum et Bailey devinrent la nouvelle famille de Léandre. En ces temps là, les gens affligés de déficiences de développement (déformation physique à la naissance), joignaient le cirque et s'affichaient devant le public afin de gagner leur vie.
Le cirque comprenait aussi différents genres d'artistes visuels et de marchands qui suivaient le cirque pour vendre leurs oeuvres et leurs produits. Léandre aimait chaque individu au sein de sa nouvelle famille et faisait toujours tout ce qu'il pouvait pour les protéger et les aider. Souvent, il disait aux membres de sa nouvelle famille qu'il les aimait parce qu'il n'avait pas entendu ces mots depuis la mort de sa mère. Il traitait tous les gens de la façon dont il souhaitait être traité et remerciait continuellement le Créateur pour sa vie extraordinaire, même si parfois elle lui apportait de la détresse et de la douleur. Face à ses tourments, il se disait «J'ai quelque chose à apprendre, j'accepte humblement cette leçon de sagesse. Je comprends que tout arrive pour une raison ».
Déjà dans la mi-quarantaine, ses réflexes de voltigeur quelque peu usés, Léandre décida de prendre sa retraite. Un ami architecte, du nom de Delvenne, l'embaucha sur le champ pour peindre les plafonds et les fresques gigantesques lors de la construction de l'Oratoire Saint-Joseph, à Montréal, au Québec. À la fin du projet, la réputation qu'il avait acquise en tant que brillant artiste lui permit d'élargir ses horizons, d’acquiescer aux demandes des prêtres des villages du sud-ouest de la province de Québec et à différents états au nord-est de la frontière des États-Unis.
En 1947, Léandre épousa une femme 12 ans sa mineure, recrutée par le curé de la paroisse de Saint George d'Henryville, qui voulait aider cette jeune femme à s'échapper d'une famille abusive. Le couple eut un enfant, une fille qu'ils nommèrent Marie, comme la mère de Léandre.
La mère de Marie avait une passion pour le théâtre, l'écriture et l'artisanat. Conséquemment, à un âge précoce, Marie a joué dans des pièces de théâtre interprétées à l'édifice de la salle paroissiale du village de Saint George d'Henryville jusqu'à ce qu'il passe au feu. Marie aimait aussi écrire de la poésie sous le nom de plume Jonathan Seagull et s'est inscrit au programme de patinage sur glace et patins à roulettes artistique.
Plus tard, Marie développa un passe-temps personnel, le point de croix (points comptés), reproduisant des motifs lui rappelant les bons moments passés avec son père tels que se balader avec lui, et monter sur un carrousel. Elle brodait aussi des illustrations de dragons. Pour une raison inexplicable, quelque chose à l'intérieur de son coeur déclenchait une attraction obsessive pour les symboles et reproductions de patrons reliés aux dragons. Son père lui rappelait souvent : « Ne t'en fais pas, il y a une raison pour tout. Sois très patiente et un jour tu auras ta réponse. »
De son côté, Léandre enseigna à Marie la peinture à l'huile, la sculpture sur bois et à jouer du violon (pour la plupart des airs de musique tzigane) puisqu’étrangement Marie refusait de jouer autre chose. Il lui a aussi appris à danser la claquette, être funambule marchant sur un fil de fer tendu de 15 pieds de haut, avec un parapluie, et à effectuer d'autres mouvements acrobatiques et des sauts périlleux. Chaque dimanche, dans le terrain de stationnement de l'église adjacent à leur demeure, Marie et son père divertissaient les gens du village et faisaient une collecte à la fin du spectacle.
Son père lui a également transmis sa passion pour l'histoire - l'histoire humaine, dès le début des temps. L’Anthropologie était une source de fixation pour Marie, particulièrement les populations autochtones du globe et surtout celles du cercle polaire. Léandre lui a aussi donné la connaissance de ses propres croyances transmises par sa mère et son peuple; elles devinrent le guide de parcours de la vie de Marie qu'elle partage maintenant, ici-bas avec vous. Ces croyances fondent les principes du corps de La parade des Nations:
Parce que son père signifiait tout pour elle, à 12 ans, Marie lui promit de construire un musée pour exposer ses oeuvres d'art ainsi que celles des gens de la communauté et des environs où elle vivrait. Elle lui a promis d'enseigner aux gens les nuances des diversités des gens de notre planète par l'intermédiaire de leurs origines ancestrales afin que les gens s'apprécient les uns les autres et célèbrent ensemble cette diversité.
Le jour arriva, en juin 2006, à la fin d'une carrière au sein du gouvernement et consultante privée, Marie s'installa à Cornwall pour réaliser sa promesse et concrétiser les plans de construction de son musée de collectionneurs et centre d'art multiculturel.
Une année après son arrivée à Cornwall, Marie, comme tant d'autres, voulut contribuer à aider Cornwall et ses environs, les faire saillir de la carte ainsi qu'aider à reconnaître les gens pour ce qu'ils faisaient pour leur communauté. Les seules choses avec lesquelles Marie était familière était le multiculturalisme et les arts. Elle pouvait les utiliser afin d'introduire et célébrer les origines ancestrales des régions environnantes, en même temps qu’utiliser cette venue pour aider les petites entreprises. C'était tout à fait dans son rayon et un défi qu'elle convoitait avec impatience.
Subséquemment, le 22 avril 2007, La Parade des Nations est née afin de promouvoir la culture et le multiculturalisme de notre région. Marie embaucha l'artiste locale Tracy-Lynn Chisholm pour crée le logo de la parade des nations. C'est une oeuvre d'art incroyable qui reflète précisément le thème de l'organisation.
En 2008, 65 drapeaux furent déployés lors du défilé ainsi que plusieurs chars allégoriques, divers groupes et entreprises variées, y ont participé en plus qu'un grand nombre de particuliers.
En 2009, la Parade des nations a lancé le programme «Une lumière dans le tunnel», pour aider les personnes affligées de déficiences de développement qui sont inclinées artistiquement et qui viennent des régions d'Akwesasne, de Cornwall et des comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry. Ce programme a aussi le but d'éduquer la population générale et de s'assurer que ce groupe spécial y était compris, respecté et inclus dans la communauté. De plus, plusieurs organisations aidaient déjà les groupes ayant des besoins spéciaux qui étaient attirés vers les sports. D’autre part, le défilé annuel devint un festival de deux jours à la demande des vendeurs de denrées alimentaires, des artistes, des artisans, des petites entreprises, et d'organisations variées préférant se promouvoir pour une durée de deux jours.
Chaque année, les événements de campagne de financement de la Parade de nation continuent grâce aux efforts d'entreprises privées, de particuliers, de dons monétaires de la Ville de Cornwall, en plus qu'un don en argent du Seaway Lighthouse Third Rail Modular Club, dont le propriétaire est Rudy Tabak (qui selon l'horoscope chinois est né l'année du «Dragon» et qui est aussi le partenaire de Marie. Les recettes du « Seaway Train Show» sont utilisées pour le paiement annuel de l'assurance de responsabilité civile.
En 2011, Parade des nations devient un organisme de bienfaisance enregistré avec l'Agence du revenu du Canada et par conséquent devait inclure dans son titre, le nom de sa clientèle, les affligés de déficiences de développement. Subséquemment, le nom officiel est devenu « Parades des nations pour les affligés de déficiences de développement». Depuis quelques années, le terme décrivant ce groupe a évolué et est maintenant connu sous le nom «ayant des besoins spéciaux».
En janvier 2016, Marie a demandé au conseil administratif de changer le nom du programme pour que les gens comprennent mieux ce que Parade de nations essayait d'accomplir avec un acronyme attirant et qui en même temps refléterait la culture artistique. Alcide Prévost suggéra le terme «Different abilities » et sa compagne Krisztina Soos, une Hongroise, ajouta « Of Talented Artists», devenant l'acronyme DATA, signifiant en français, «Capacités Diverses d'Artistes Talentueux (CDAT). L'artiste locale, bien connue Sandra Taylor-Hedges, qui teint cette cause à coeur, offrit ses services gratuitement pour créer un logo pour le programme.
Les thèmes utilisés par La Parade des nations lors de leur campagnes de financement porteront toujours la culture et la diversité afin d'aider les personnes ayant des besoins spéciaux, et particulièrement celles inclinées artistiquement, d'Akwesasne, de Cornwall et des Comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry. Les fonds recueillis dans chaque région retournent dans la région afin d'aider nos héros de différentes compétences.